Automne 2019, le 31 octobre exactement, la nuit est tombée sur Deauville, le meilleur moment pour sortir sur les planches est arrivé.
Photos : E.G Copyright 2020
La ballade débute du poste de surveillance de Benerville sur mer et Tourgéville direction les planches de Deauville...
puis passage par les courts de tennis, mais aucun partenaire ne se rend disponible...
Tour carrée - Villa Mors
Puis un arrêt devant cet édifice abandonné, tel une maison hantée, il semble être la demeure de la famille Adams, il n'en ai rien.
Située en bord de mer à Tourgéville, cette demeure de style néo-gothique a été construite en 1905 par les frère Mors connus dans le domaine de la conception automobile au début du siècle dernier.
Leur entreprise sera absorbée par Citroën à sa fondation en 1919.
Le plan est complexe, avec un rez-de-chaussée surélevé, deux étages carrés et deux de comble. La structure est en pierre calcaire et brique. La villa est composée d'une juxtaposition de volumes articulés autour d'éléments tels que bow-window, loggia, tour et terrasse. La tour carrée abrite l'escalier d'honneur.
Cette villa est une référence au style historiciste très présent à Deauville à cette époque.
On y retrouve donc une ornementation très caractéristique du néo-gothique tendance gothique flamboyant - gargouilles, ouvertures en arc ou à meneaux et une multitude d'autres références ornementales - bandeaux moulurés, culots, chapiteaux à crochets de colonnettes en délit, etc.
Malheureusement, la bâtisse se délabre année après année, apparemment sans perspective de renaissance.
Promenade des planches
Nous voici arrivés sur les planches de Deauville, quasiment désertées, tout ce que j'aime.
En 1921, l'architecte parisien Charles Adda est chargé du remplacement d'un établissement de bains en bordure de plage devenu vétuste. Il édifie les Bains Pompéiens ainsi que plus de 200 cabines de bains. Les matériaux utilisés pour la construction sont le béton blanc agrémenté de céramiques polychromes à l'esprit marin (Alphonse Gentil et Eugène Bourdet).
Cette architecture moderne de style Art déco est achevée en 1922. Charles Adda complétera l'ensemble d'une longue promenade de plus de 400 mètres en bois exotique imputrescible, l'azobé.
Cette ajout avait pour objectif de permettre aux femmes de longer les bords de mer sans salir leurs tenues dans le sable.
Rapidement "les Planches" s'imposent comme le lieu où il faut être vu. Le "Tout-Paris" des années 30 s'y bouscule puis suive ensuite une nouvelle population, plus familiale et modeste, avec l'arrivée des congés payés.
En 1966, la ville de Deauville et ses planches basculent dans une autre dimension et s'ouvrent au monde entier avec le film de Claude Lelouch "Un homme et une femme". Le film est couronné d'une multitude de récompenses et plus particulièrement d'une Palme d'or à Cannes et de deux oscars à Hollywood.
En 1975, la ville de Deauville, qui a été le lieu de tournage de nombreux films, décide d'honorer le cinéma en créant le Festival du Cinéma Américain. Tous les ans, en septembre, le drapeau américain flotte sur les planches.
En 1990, la coutume de peindre sur les lices des cabines les noms des acteurs et réalisateurs qui participent au festival annuel prend naissance. Ce rituel perdure depuis lors chaque année.
La nuit, une autre atmosphère...
À la nuit tombée, les planches et les bains nous offrent un visage bien différent, les commerces ont fermés, les badauds ont déserté la promenade. Le calme succède enfin au tumulte de la journée.
Les lumières de la ville magnifient ce changement d'atmosphère.
Ce sont ces couleurs que j'apprécie le plus, la polychromie du jaune et du vert simplement éclairée par les lumières blanches, somme toute un peu blafarde.
Une sérénité se dégage du lieu lorsqu'il est ainsi déserté, malgré une impression de tristesse et de désuétude. Les noms des acteurs et réalisateurs peints sur les lices dégagent une force comme celle des derniers hommages rendus sur les monuments des cimetières.
Continuons notre tour d'horizon à travers ce lieu et passons de l'autre côté des planches.
La face cachée du poste de secours, ici hors-saison, donc fermé de jour comme de nuit.
Un îlot de cabines organisé autour d'un bassin, nous sommes en plein Festival de créations photographiques Planche(s) Contact 2019, avec au fond une partie de l'exposition du collectif suisse Riverboom avec un élément de la série "Et au milieu coule la rivière", ici Hot Wheels. Une mise en scène humoristique d'un face-à-face culturel entre deux villes que seule un rivière sépare - Trouville sur mer et Deauville.
Le Point de vue
Le Point de vue est l'ancien club-house du Deauville Yacht Club réalisé par l’architecte Georges Wybo en 1929. De style moderne, il s'inspire de l'architecture des aérogares. Il est de nos jours un espace d'expositions et le centre névralgique du festival de créations photographiques - Planche(s) Contact.
La piscine olympique
Un des particularités de cette piscine est d'être à l'eau de mer, eau pompée au large de la Manche et chauffée à 28°c.
Singulière architecture que celle de la piscine signée par un des grands architectes de l'équipement sportif à travers le monde, Roger Taillibert, récemment disparu (Parc des Princes, Stadium de Villeneuve-d'Ascq, Stade Olympique de Montréal, etc) et spécialiste des voiles de béton.
Sous le contrôle de la vigie de la plage de Deauville.
A cette heure, la plage désertique vous offre la possibilité de porter un regard différent sur les réalisations photographiques de l'artiste sud-africain Koto Bolofo, exposées sur la plage à l'occasion des Planche(s) contact 2019.
Le Brok café
Fin de la promenade par un retour dans le centre ville et un passage par le Brok Café, bar à cocktails et lieu de rencontre des deauvillais et vacanciers, professionnels des courses de chevaux et joueurs de polo.
Merci
E.G.
this is a good text which an interesting commentary on photos